→ L'impact environnemental de la vidéo en ligne :
une double face de la consommation numérique


Nous le savons, le numérique pollue. La pollution numérique est principalement due aux appareils électroniques mais les plateformes, sites web et applications y contribuent aussi. À l'ère du numérique, la vidéo en ligne a connu une ascension fulgurante, devenant un moyen privilégié de divertissement, d'information et de communication pour des millions de personnes à travers le monde. Néanmoins, derrière cet engouement pour la vidéo se cache une réalité souvent méconnue : l'impact environnemental croissant de sa consommation. Par exemple, en 2019, le visionnage de vidéos en ligne représente la plus grande partie du trafic internet mondial (60 %) et génère plus de 300 millions de tonnes de CO2 par an, soit autant que l’Espagne.

La pollution numérique, un terme émergent qui décrit l'empreinte environnementale des technologies numériques, est devenue une préoccupation majeure. Les vidéos en ligne, qu'elles soient diffusées en continu sur des plateformes populaires comme YouTube , Netflix et TikTok , ou partagées sur les réseaux sociaux, contribuent de manière significative à cette pollution numérique. Par exemple, Netflix et Amazon prime génèrent 7 % des émissions de gaz à effet de serre global du numérique, soit autant que les émissions du Chili sur un an.

De la consommation d'énergie des centres de données à l'émission de gaz à effet de serre, en passant par l'utilisation accrue de bande passante et les problèmes de gestion des déchets électroniques, l'impact environnemental de la vidéo en ligne est multiple et complexe. Nous examinerons les principaux facteurs de cette pollution, les conséquences environnementales qui en découlent et les défis auxquels nous sommes confrontés en matière de durabilité numérique. De plus, nous aborderons les efforts déployés par l'industrie et les utilisateurs pour atténuer cet impact et promouvoir une consommation vidéo plus responsable.

Consommation énergétique des centres de données


La diffusion de vidéos en ligne exige une infrastructure complexe de centres de données qui stockent, traitent et diffusent les contenus. Ces centres de données consomment une quantité considérable d'énergie pour maintenir les serveurs en fonctionnement et pour les opérations de refroidissement. Selon certaines estimations, l'industrie des centres de données représente une part significative de la consommation énergétique mondiale. Les vidéos en ligne, en particulier en streaming, contribuent de manière importante à cette demande énergétique croissante.
La demande croissante de vidéos en streaming a conduit à l'expansion rapide des centres de données et à l'augmentation de la consommation d'électricité associée. Les serveurs et l'infrastructure réseau nécessaires pour répondre à la demande mondiale de vidéos en ligne doivent fonctionner 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, entraînant une consommation d'énergie constante. De plus, les systèmes de refroidissement nécessaires pour maintenir les serveurs à des températures optimales représentent également une part importante de la consommation énergétique des centres de données.

Émissions de gaz à effet de serre


La consommation d'énergie des centres de données, souvent alimentée par des sources d'énergie non renouvelables, entraîne des émissions de gaz à effet de serre. Les centrales électriques qui alimentent ces infrastructures de données sont souvent alimentées par des combustibles fossiles, tels que le charbon et le gaz naturel, qui émettent du dioxyde de carbone (CO2) lorsqu'ils sont brûlés. Ces émissions contribuent au changement climatique et à l'aggravation des problèmes environnementaux.
Les vidéos en ligne sont une source majeure d'émissions de CO2, principalement en raison de la consommation d'électricité des centres de données. Des études ont montré que le streaming vidéo représente une part importante des émissions de CO2 du secteur des technologies de l'information et de la communication. Par exemple, une étude estime que le visionnage d'une heure de vidéo en streaming génère environ 0,2 à 0,5 kg de CO2, selon la qualité de la vidéo et la région géographique.

Utilisation accrue de la bande passante


Le streaming vidéo nécessite une transmission continue de données via Internet, ce qui entraîne une augmentation de la demande de bande passante. Cette demande croissante a des répercussions sur l'infrastructure réseau, entraînant une consommation d'énergie supplémentaire pour maintenir et étendre les réseaux de communication.
La multiplication des vidéos en ligne, combinée à la tendance croissante vers des résolutions vidéo plus élevées (telles que la haute définition et la résolution 4K), augmente la quantité de données qui doivent être transmises à travers les réseaux. Cela entraîne une utilisation accrue de la bande passante et peut entraîner une congestion du réseau.

Réseaux sociaux


Selon une étude de Greenspector de cette année, un utilisateur de réseaux sociaux sur mobile serait la cause de 102 kgEqCO2 à l’année, soit l’équivalent de 914 km effectués en véhicule léger moyen en France. En clair, poster et consommer du contenu a un impact environnemental.
Certains réseaux sociaux comme Youtube ou TikTok sont entièrement basés sur le streaming de vidéos en ligne. Sont-ils plus énergivores que les autres réseaux sociaux ? Oui. Dans une récente étude de Greenspector, l’entreprise classe les réseaux sociaux les plus connus selon leur impact carbone, leur consommation d’énergie et les données chargées. Le scénario utilisateur ici est un défilement du fil d’actualité d’un compte actif pendant 1 minute. Aux résultats, on retrouve TikTok dans les premières positions avec u
Youtube, quant à lui, ne propose que des miniatures qui s’animent après 2 secondes dessus. Ainsi, “le fil d’actualité TikTok a un impact carbone de 7,4 fois plus important que celui de Youtube.” Cependant, si l’on s’attarde sur la consommation de contenu sur Youtube, le coût environnemental s’accroît. Contrairement aux vidéos TikTok , celles sur Youtube peuvent être en HD voire jusqu’en 4K. Regarder quotidiennement une heure de vidéo en HD sur Youtube reviendrait à l’année, à émettre autant de CO2 qu’une voiture parcourant 29 000 km.

Comment réduire son impact numérique ?


Face à ces défis, il est crucial d'adopter des pratiques de consommation vidéo plus responsables. Voici quelques actions que nous pouvons entreprendre :
Optimisation de la qualité vidéo : Privilégier des résolutions vidéo plu basses et des paramètres de qualité optimisés peut réduire la consommation de bande passante et la charge des centres de données, contribuant ainsi à une empreinte environnementale moindre.

Encourager des technologies de compression efficaces : Les avancées dans les technologies de compression vidéo, telles que le codec H.265, peuvent réduire la taille des fichiers vidéo tout en maintenant une qualité visuelle acceptable. Encourager leur adoption peut réduire la consommation de bande passante et la charge des centres de données.

Utiliser des plateformes de streaming alimentées par des énergies renouvelables : Certaines plateformes de streaming s'engagent à utiliser des sources d'énergie renouvelables pour alimenter leurs opérations.