Les relations parasociales


Une relation parasociale est une relation que l’on forme avec une personne que l’on ne connait pas, en consommant du contenu sur cette même personne. Même si on a l’impression de connaître la personne et de l’apprécier, elle ne nous connaît pas et donc ne peut pas nous aimer. Ce phénomène existe depuis que l’humanité se raconte des histoires, mais a été inventé par par Donald Horton et Richard Wohl en 1956. Il a ensuite été amplifié par la télévision, le cinéma et aujourd’hui par les influenceurs (youtubeurs, instagrammeurs).

Il se fait encore plus ressentir ces dernières années par les contenus instantanés comme les stories quotidiennes ou encore les lives. Une personne partageant sans cesse sa vie privée dévoile, ses goûts, ses opinions, ses mimiques, sa manière de s’habiller, son humour... Ces personnes influentes rassemblent une communauté qui elle-même alimentent cette proximité. Mark Granovetter, sociologue à l’Université de Stanford donne 4 points qui définissent la proximité dans une relation :

- L’intimité : se filmer dans son salon, parler de ses enfants, son animal domestique, partager ses opinions personnelles...
- L’intensité émotionnelle : partager ses sentiments, ses réussites, ses échecs...
- Le temps passé : le nombre de contenu consommé = le temps passé avec la personne.
- La réciprocité de service : le travail sur le contenu proposé en échange de likes/partages et soutien.

Ces critères ne vont pas être ressenti pareil par une personne au cœur d’une communauté que par quelqu’un de plus passif ne consommant qu’une partie des contenus diffusés. Nous pouvons également noter qu’il existe des relations parasociales dans les communautés elles-mêmes.

The Journal of Social Media in Society présente 3 critères qui influencent les relations parasociales :
- Direct Adressing : le fait de s’adresser personnellement à sa communauté/ses abonnés, en tutoyant par exemple.
- Physical Appearence : toutes les informations visuelles, genre, âge, style vestimentaire, décor auquel on pourrait s’identifier ou déterminer le type de personne.
- Frequency : plus une personne va s’exposer et communiquer, plus la relation parasociale se fera rapidement.

Tamar Gendler, professeure de psychologie, sociologie et science cognitive à l’Université de Yale, a inventé le terme “alief”. C’est un “belief” (une croyance), automatique mais qui va à l’encontre des croyances que l’on a de manière logique et raisonnée. Notre “alief” nous pousse à penser que l’on est ami avec les personnes que l’on suit.

Une étude publiée par Self and Identity Journal prouve que ses relations parasociales sont tout aussi efficaces que de vraies relations pour répondre à nos besoins d’interactions sociales. Cependant il y a tout de même un risque, qui est de passer à l’extrême du phénomène, que l’on appelle l’érotomanie (que l’on peut assimiler au fanatisme), un trouble psychologique qui se caractérise par la conviction d’avoir une relation avec quelqu’un mais que cette personne n’est pas au courant.

Les relations parasociales sont donc des relations très complexes bien que virtuel. Mais lorsque l’on a conscience des enjeux commerciaux que ces relations impliquent, il est beaucoup plus simple de prendre du recul et de vivre ces relations sainement. Elles peuvent aussi être très fortes et enrichissantes, par exemple un youtubeur peut aider une personne à passer une période compliquée avec ses conseils et son humour, même si l’abonné sait qu’il ne rencontrera jamais cette personne.

Nora Camélia Rgabi
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