Impact psychologique du protocole sanitaire : 3 points à retenir


  • Un climat général anxiogène pour les enfants, surtout pour les plus vulnérables psychologiquement : les mesures sanitaires, par leur caractère permanent, drastique et imposé, induisent un cadre de vie scolaire source de pensées anxieuses quant à la maladie et la mort qui sont plus ou moins toxiques pour les enfants selon leur solidité psychologique. Les plus touchés sont les enfants déjà sujets à l’anxiété et pour qui l’école devient un lieu angoissant que ce soit en classe, dans la cour ou à la cantine car les mesures sont partout et toute la journée. Cela peut générer de troubles anxieux de type phobies et troubles obsessionnels-compulsifs (TOCs).

  • La communication entre élèves et enseignants et entre élèves est fortement entravée et cela nuit aux relations et notamment à l’intégration dans le groupe. 93% de la communication passe par le son de la voix et l’expression du corps et du visage. La présence du masque cachant une grande partie du visage altère ainsi grandement la possibilité de se comprendre et donc d’interagir de manière fluide et en confiance avec l’autre. Les émotions transmises par les canaux infraverbaux sont moins bien interprétées ce qui est source de projections anxieuses et de malentendus. Cela est particulièrement problématique pour les 6emes qui arrivent dans un environnement inconnu et sont donc naturellement plus vigilants à tous les indices paraverbaux pour comprendre les codes et trouver leur place que ce soit avec les adultes ou avec leurs pairs d’âge.

  • La peur est une émotion très contagieuse qui éloigne les personnes des uns et des autres. La peur transmise par le protocole sanitaire et ses mesures d’application autoritaires contaminent la pensée de certains enfants, à nouveau les plus vulnérables psychologiquement, qui « apprennent » à se méfier du contact de l’autre et donc par généralisation à se méfier de l’autre tout court : « mon camarade de classe, mon professeur est un danger potentiel car il peut me contaminer ». La culpabilité et l’anxiété d’anticipation sont le pendant de ce mécanisme : « si je ne me lave pas suffisamment bien les mains ou si je ne mets pas mon masque comme il faut, je peux contaminer les autres et même les faire mourir ». Ainsi le protocole sanitaire va totalement à l’encontre des besoins primaires des enfants de relations, de liens et de contact physique. Le champ d’étude en psychologie et neurosciences de l’attachement porté par de grands chercheurs comme Boris Cyrulnik en France nous rappelle ces fondamentaux à la construction psychique de l’humain. Le petit humain est un animal social qui grandit grâce au contact avec l’autre. Selon la qualité de ce contact, il développera des manières de fonctionner sécures et fluides ou insécures et anxieuses.

Une variable majeure dans le développement des troubles psychologiques liés à la situation sanitaire : le temps. En psychologie, les effets d’une situation anxiogène sont le plus souvent lents et retardés. Donc une grande vigilance d’observation s’impose dans les semaines et mois à venir car les manifestations de stress de enfants risquent de s’accroitre au fil du temps. L’individu peut en général plutôt bien s’adapter en situation de stress aigu (temporaire) mais s’épuise physiquement et psychiquement lorsque le stress se chronicise. Aujourd’hui, à deux semaines de la rentrée, les enfants s’adaptent dans l’ensemble plutôt bien aux mesures mais il en sera très probablement autrement si le protocole sanitaire continue à être appliqué tel qu’il l’est aujourd’hui sur plusieurs mois.

Gwenaelle Persiaux
Psychologue clinicienne.