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Parmi les nombreux débats rendant compte de l'avancée des TIC dans le monde, de l'importance du développement des réseaux, des enjeux du commerce électronique et de la nécessité croissante de formation des populations, le petit monde d'Hourtin prend aussi le temps de la réflexion et s'interroge sur la véritable origine de nos discours. Roger Lesgards se charge de définir l'idéologie pour positionner le débat. Il aborde ce concept "dans un sens plutôt négatif". L'idéologie est un système d'idée clos, qui se referme peu à peu sur lui-même. Les idées rendant compte à l'origine du réel, deviennent peu à peu des croyances, un dogme, une zone de "non-pensée" qui se constitue en grille d'analyse du réel, de l'environnement et du futur. Pour Roger Lesgards, le deuxième terme clef, " la société de l'information ", reste un concept flou, il préfère parler de "société digitalisée". Pour Joël de Rosnay, la "société de l'information" se caractérise par une diffusion rapide de l'information et surtout par la possibilité donnée aux usagers de devenir eux-mêmes producteurs de cette information. Cette société nouvelle implique un changement des règles du jeu politique, économique et social, ainsi qu'un changement des pouvoirs, phénomène similaire à ce qu'on a pu observer avec le développement de l'imprimerie, de la télévision ou du téléphone. Pour Joël de Rosnay, il s'agit d'éviter cette idéologie définie plus haut : "Il faut éviter la "billgatisation" du monde !". Selon Pierre Zémor, chercheur au [[https://www.gravir.org Groupe Régional pour la Valorisation de la Recherche et des technologies]] , le mot d'ordre utilitariste actuel est un peu euphorique mais utile. La société de l'information telle qu'elle est définie actuellement apporte certes de l'eau au moulin du libéralisme, mais la véritable question est de savoir si ce sera un mieux pour le citoyen. Philippe Engelhard choisit plutôt de se positionner comme "l'avocat du diable". Il ne sait pas si la société de l'information est une idéologie, mais il détecte certaines "bulles de croyance" qui environnent les discours. Il définit la première comme l'idéologie du fantasme technique englobant et rappelle à ce sujet des chiffres que nous ne devrions jamais oublier lorsque nous discourons sur la révolution de la communication et ses outils : "3 ou 4 millions de personnes sur la planète vivent en dehors de la modernité". Cette première "bulle idéologique" tend à englober dans la modernité cette population, voire à l'oublier. Un deuxième type de croyance est qualifié par Philippe Engelhard de "meilleur des mondes". On oublie trop facilement les particularismes culturels, or "l'instantanéité bouscule le symbolique". Il s'agit de garder à l'esprit qu'utilisées sans discernement, ces technologies peuvent au contraire amener à plus de violence. [cf. retour à la xénophobie pour Breton ?]. Une troisième bulle se définirait par le mythe de la "croissance ininterrompue". Là aussi, pris dans nos discours libéralistes et optimistes, nous n'analysons que très partiellement les véritables gains de productivité. Si la part du PIB occasionnée par les NTIC croît, elle n'est pas encore réellement significative. Pour Philippe Engelhard, la véritable question est plutôt la suivante : "Ces nouvelles technologies peuvent-elles produire un " saut qualitatif " de l'humanité ?" Il donne à cela une partie de réponse. D'une part face à la croissance exponentielle de l'information la capacité d'interprétation de l'homme, elle, ne change pas, le cerveau humain reste le même. D'autre part si les possibilités d'échanges sont très largement accrues, notre capacité relationnelle, elle, ne peut l'être (on l'estime à 300 personnes maximum). [que de bon sens pourtant si peu souvent énoncé !]. Joël de Rosnay reprend cette question du "saut qualitatif" : "on ne peut prévoir à l'avance, c'est justement le propre de l'évolution du saut qualitatif". C'est après l'appropriation des techniques par les usagers que l'on peut déterminer si monde meilleur il y a. Dans ce laps de temps, les gens se réapproprient les outils, les dévient, les façonnent. A ce sujet Joël de Rosnay nous interroge : "qui sont ces gens ?… 5% de l'humanité !". Pierre Zémor adhère à ce propos, on ne peut prévoir un "saut qualitatif". Mais il faut toutefois "se donner des exigences et fixer des défis". La question n'est pas "est-ce que la société va profiter du système ?", mais "est-ce que ce système va être pertinent pour l'intérêt général ?". "Les notions de protection et d'anticipation vont-elles être mieux résolues avec les nouveaux outils ?" Roger Lesgards pense qu'on ne peut en aucun cas parler de "saut qualitatif", s'exprimer en terme de "plus" et de "moins" : "les techniques sont ce que les sociétés en font" [décidément que de parole de bon sens… si douces à entendre ici à Hourtin !]. Pour Roger Lesgards, l'idéologie nous fait confondre le progrès technique avec le progrès tout court, nous sombrons dans le discours techniciste… grande illusion, on ne peut séparer la technique des usages. Roger Lesgards revient également sur les propos de Philippe Engelhard : il existe effectivement de "vrais" problèmes essentiels dans le monde, alors la communication et ses techniques… Le mot de la fin revient à Joël de Rosnay qui s'interroge à propos des discours actuels : "Est-ce de l'intelligence collective ou de la bêtise généralisée, on n'en sait rien, l'avenir nous le dira." [Notons à ce propos un discours relativisé de [[https://fr.wikipedia.org/wiki/Jo%C3%ABl_de_Rosnay Joël de Rosnay]], qui ne s'est à aucun moment posé dans ce débat comme optimiste invétéré des NTIC]
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