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Matière à réflexion 2 :


Pour nourrir la question du "Nous", suite à la lecture du livre Nos Cabanes par Marielle Macé :

"Nouons-nous ; cette formule emporte, entraîne, elle a la justesse d'un poème, infaillible. On y reçoit le "nous" comme une sorte d'appel : oui, faisons-le, nouons-nous ! Le pronom y devient une modalité du verbe, que l'on conjugue de beaucoup de manières : nous-ons, accomplissons des "nous", nouons encore, imaginons d'autres façons d'être à plusieurs, de se lier, de se toucher, peut-être juste de se frôler... On y entend que dans le mot "nous" quelque chose (mais quoi au juste ?) se noue, doit se nouer et pourra donc aussi bien se dénouer ; on se dit que "nous" est une affaire de liens, d'attachements, de mêlements, d'interdépendance et d'arrachements, et de démêlements et de dénouements - plutôt que d'appartenance ou d'identification."

" "Nous" ne signifie pas : les miens, tous ceux qui sont pareils que moi ; mais : tous ceux qui pourront être le "je" de ce "nous", l'endosser, le reprendre à leur compte, en éprouver la force. Il ne s'agit pas avec "nous" de dire qui je suis, de me déclarer ; il ne s'agit même pas de dire comment qui je suis ; mais ce que nous pourrons faire si nous nous nouons."



"L'élargissement radical des formes de vie à considérer et des ententes à construire, voilà le point vif. Et voilà le site où construire des cabanes - car pour imaginer des façons de vivre dans un monde abîmé, il faut avant tout recréer les conditions d'une perception élargie. C'est l'élargissement qu'il y a à habiter, c'est dans l'élargissement que l'on a à bâtir, sur cette carte non pas seulement étendue mais dilatée par l'attention portée à tous, aux pollinisateurs, aux racines, aux crues, aux morts qui nous regardent, aux métamorphoses... Élargir en effet ce n'est pas seulement agrandir, mais nouer, renouer : de quoi veux-tu t'entourer, à quoi te lier, dans quoi t'immerger ? Les luttes actuelles ont toutes à voir avec l'évidence de cet élargissement, avec son appel, sa surprise."



"Être forêt (* Jean-Baptiste Vidalou) ce n'est pas se prendre pour un arbre, c'est suivre la piste de cet événement vertical qu'est une forêt, "quelque chose qui contre l'étrangeté du monde administré, est enfin là" ; et braver les pratiques dévastatrices (de sols, de vies et d'idées)."

Et pour nourrir la question de la "Médiation", d'autres passages de ce même livre :

"Ménager plutôt qu'aménager. Jardiner les possibles, prendre soin de ce qui se tente, partir de ce qui est, en faire cas, le soutenir, l'élargir, le laisser partir, le laisser rêver."

" Gilles Clément nous a réappris ce que c'est que jardiner : c'est privilégier en tout le vivant, "faire" certes, mais faire moins (ou plutôt : faire le moins possible contre et le plus possible avec)"
"on peut bâtir comme on jardine (cela demande de mêler architecture pérenne et architecture provisoire, de ne pas tout vouloir "installer", de prendre des décisions collectives sur ce que l'on gardera, et ce dont au contraire on accepte la disparition)."




Culture et développement durable

- https://reseauculture21.fr/wp-content/uploads/2012/06/cahierspecial_cultureetDD.pdf

- Extraits_cahier_special_revue_Mouvement__Culture_et_developpement_durable.pdf (62.6kB)