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Différentes strates de végétation

La flore du ruisseau


La ripisylve est l'ensemble des formations boisées qui se trouvent aux abords d'un cours d'eau. Elle est indispensable au bon fonctionnement du ruisseau. Ce mot vient de "ripa" qui veut dire "rive" et de "sylva" qui veut dire forêt. Lorsque des lignées d'arbres sont formées d'espèces introduites, comme les platanes à la Cité des Arts de la Rue, l'expression "boisement de versant" est privilégiée.

La ripisylve accomplit plusieurs rôles au sein de l'écosystème du ruisseau. Elle protège les berges contre l'érosion, elle dissipe le courant, elle constitue une zone tampon et d'épuration avant que l'eau n'arrive dans le cours et participe aussi à absorber les polluants présents dans l'eau. En glissant le long de ses systèmes racinaires, la ripisylve permet une meilleure infiltration de l'eau. Elle est formée de plantes aquatiques, semi-aquatiques et terrestres qui s'organisent en strates, herbacées arbustives et arborescente, adaptées au fonctionnement particulier des cours d'eau qui varient entre période d'étiage et de crues.
Les plantes aquatiques, comme l'algue rouge, sont immergées dans le cours d'eau. Au dessus, moitié dans l'eau et moitié hors de l'eau, les plantes semi-aquatiques, comme le jonc, prennent racine. Les plantes terrestres, le roseau par exemple, poussent sur la terre mais supportent une inondation de leurs racines sur une courte période. Ces végétaux rendent de nombreux services aux différentes espèces terrestres comme aquatiques. En rejetant de l'oxygène, ils permettent à tous les êtres vivants de respirer. Ils offrent de la nourriture, des habitats et des lieux de reproduction d'autant plus que l'effet coupe-vent de la ripisylve permet un abri contre les aléas climatiques. Sa formation en corridor en fait un lieu privilégié pour la production de matière organique en ville. Ombragée, elle limite les excès de température en son sein.

Les herbacées sont des formations végétales non ligneuses. La plupart des herbes poussent en touffe, comme la fétuque élevée ou la flouve odorante. Leur dense feuillage recouvre le sol d'un tapis protecteur contre l'érosion provoquée par les eaux de ruissellement. Les herbiers aquatiques, quant à eux, peuvent être mobiles car ils ne possèdent pas tous des racines. Le cornifle immergé peut flotter entre deux eaux, grâce à l'oxygène qu'il accumule. C'est un support de vie qui peut se déplacer avec le courant.

Les végétaux arbustifs et buissonnants possèdent des réseaux racinaires ou des rhizomes particulièrement développés. En cas de crue, sureau noir, laurier sauce et troène commun peuvent ainsi ralentir la vitesse du cours d'eau grâce à leurs tiges aériennes souples et efficaces qui limitent remous et turbulences. Le Buddleja de David, quant à lui, peut être facilement arraché des berges et créer des encombres.

La strate arborescente, la plus haute sur les berges, favorise l'ombre et régule la température de la rivière grâce à l'évapotranspiration des feuilles des individus qui la composent. Aussi, les arbres privent les végétaux aquatiques de soleil, limitant ainsi leur photosynthèse et donc leur prolifération.


Inventaire de la végétation aux abords du ruisseau:

Quelques photos de plantes, arbustes et arbres courants sur les berges du ruisseau. Cliquez dessus, elles s'agrandissent:

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Pariétaire officinale (Parietaria officinalis L.)
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Une plante graminée
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Géranium Herbe à Robert (Geranium robertianum)
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Grande Chélidoine ou Grande Éclaire (Chelidonium majus, «grande hirondelle»)
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Ballote, Ballote noire ou Ballote fétide (Ballota nigra)









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Fumeterre Bicolore (Fumaria Bicolor)
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Pittospore (pittosporum)
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Grand Sureau ou Sureau noir (Sambucus nigra L
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Grand Sureau ou Sureau noir (Sambucus nigra L
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Renouée du Japon, ou Renouée à feuilles pointues (Reynoutria japonica ou Fallopia japonica suivant les sources)
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Prunier sauvage (Prunius domestica)
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Clématite des haies ou Clématite vigne-blanche (Clematis vitalba


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Vesce craque (Vicia cracca)


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Figuier (Ficus carica)

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Laurier-sauce ou Laurier vrai, laurus nobilis
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Raisin d'Amérique ou Teinturier (Phytolacca americana)
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Un Troène commun, (Ligustrum vulgare)
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grande ortie (Urtica dioica L.)
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Canne de Provence, (Arundo donax)
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Acanthe à feuilles molles, (Acanthus molis)
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Platanes, (Platanus)
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Lierre ou Lierre grimpant (Hedera helix L.)
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Micocoulier de Provence ou Micocoulier du Midi (Celtis australis)
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Sentranthe rouge, (Sentranthus ruber)
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Genêt à balais, (Cytisus scoparius)
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Arbre de Judée (Cercis siliquastrum)
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Buisson ardent, (Pyracantha Coccinea)
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Gaillet gratteron (Galium aparine L.)
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Mauve sylvestre, (Malva sylvestris)































La ripisylve comprend l'érable champêtre (Acer campestre) qui supporte bien la pollution. Le cornouiller sanguin (Cornus sanguinea), le fusain d'Europe (Euonymus europaeus), le chêne vert (Quercus ilex), le chêne blanc (Quercus pubescens), l'asperge sauvage (Asparagus acutifolius), le brachypode des bois (Brachypodium sylvaticum), le ronce à feuilles d’orme (Rubus ulmifolius) ou encore le lierre grimpant (Hedera helix) qui, par sa présence, prouve un degré important de perturbations humaines.

Parmi les espèces dites « invasives", ont trouve l'ailante/faux vernis du Japon (Ailanthus altissima), l'armoise de Chine (Artemisia verlotiorum), l'érable negundo, Aceraceae (Acer negundo), le robinier faux-acacia (Robinia pseudo acacia), la renouée du Japon (Reynoutria japonica) et la canne de Provence (Arundo donax).

Parmi les plantes indigènes et introduites, respectivement 36% et 30%, présentent des capacités phytoépuratrices face aux Eléments Traces Métalliques et Métalloïdes présents dans les sols. Le celeri (Apium graveolens) est connu pour diminuer la concentration en cadmium des sols. Notons que l'augmentation du recouvrement végétal est associée à la diminution des concentrations en azote, chrome, zinc et arsenic. Toutes les espèces végétales caractéristiques des ripisylves humides démontrent des capacités phytoépuratrices face aux ETMM.

Le bilan de l'étude menée par l'IMBE recense 137 espèces végétales. 23 espèces sont introduites comprenant des phanérophytes (47,8%) et des espèces envahissantes (17,4%). 6 nouvelles espèces introduites sont repertoriées: le mûrier de Chine ou moraceae (Broussonetia papyrifera), le tabac arborescent ou solanaceae (nicotiana glauca), la vigne vierge ou vitaceae (parthenocissus inserta), le campanule des murets ou campanulaceae (Campanula poscharskyana), l'araujia porte-soie ou apocynaceae (Araujia serecifera), enfin la fougère houx ou dryopteridaceae (Cyrtonium salcatum)


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ripisylve, ombre et lumière pour le ruisseau
Etat écologique des berges végétalisées

Extrait du rapport de l'IMBE, 2017:

Les berges végétalisées des cours d’eau urbains, espaces de végétation continue permettant de lier l’amont et l’aval et les zones périphériques, jouent un rôle prépondérant sur l’état écologique des cours d’eau.

Premièrement, les berges du ruisseau des Aygalades sont caractérisées par le fonctionnement déséquilibré de la
ripisylve (communauté forestière de berges) d’origine humide du fait de perturbations notoires du débit du cours d’eau. Ceci a entraîné le développement de communautés végétales typiques d’une ripisylve sèche représentée par Acer campestre (Erable champêtre), Cornus sanguinea (Cornouiller sanguin), Euonymus europaeus (Fusain d’Europe), Quercus ilex (Chêne vert), Quercus pubescens (Chêne blanc), Asparagus acutifolius (Asperge sauvage), Brachypodium sylvaticum (Brachypode des bois). La proportion faible (21.2%) de Phanérophytes (communautés arborées) démontre un déséquilibre dans la représentation des types biologiques végétaux le long des berges avec une absence récurrente d’une structure végétale arborée caractéristique des ripisylves du fait de perturbations humaines qui augmentent dans les zones très urbanisées.

Deuxièmement, sur les 137 espèces végétales recensées, 16.7% sont des espèces introduites dont 47.8% représentent des Phanérophytes introduits et 17.4 % sont des espèces invasives. Parmi les espèces invasives, Ailanthus altissima (Ailante/faux vernis du Japon), Artemisia verlotiorum (Armoise de Chine), Robinia pseudo acacia (Robinier faux-acacia) et Reynoutria japonica (Renouée du Japon) sont très problématiques puisqu’elles aboutissent à l’homogénéisation de la strate arborée en limitant la croissance des plantules natives et engendrent une modification des propriétés du sol. De plus, Arundo donax (Canne de Provence) affecte la dynamique végétale des berges en limitant la régénération du couvert forestier natif. Il est à noter des corrélations négatives entre les espèces végétales introduites et les Phanérophytes (communautés arborées) natifs qui se traduisent par une baisse de la richesse spécifique et du recouvrement des espèces végétales natives. Le recouvrement en espèces végétales introduites est 18 fois supérieur le long des berges adjacentes au bâti comparativement aux forêts, aux cultures et aux friches.

Troisièmement, parmi les espèces végétales natives, Rubus ulmifolius (Ronce à feuilles d’Orme) et Hedera helix (Lierre grimpant sont des indicateurs biologiques qui représentent les deux espèces les plus communes (65.85 % et 60.98 % respectivement) et permettent d’apprécier indirectement l’occurrence de perturbations altérant la qualité écologique du milieu. Alors qu’il n’existe aucune association particulière avec R. ulmifolius, il est à noter que l’accroissement du recouvrement en H. helix s’accompagne d'un appauvrissement des communautés végétales et d’un développement limité des plantes herbacées vivaces et annuelles natives et introduites. De plus, les Phanérophytes (communautés arborées) natifs, les plus sensibles à l’anthropisation, diminuent rapidement avec l’éloignement à la source plus les zones urbanisées deviennent prépondérantes. Si la richesse en Phanérophytes natifs augmente le long des berges adjacentes aux forêts, le recouvrement en Phanérophytes natifs diminue le long des berges adjacentes au bâti. Ainsi, la proportion d’espèces végétales introduites et invasives et la présence importante d’H. helix traduisent un degré important de perturbations humaines le long des berges des Aygalades de l’amont vers l’aval qui s’accompagne par une augmentation des macro-déchets dans les zones les plus urbanisées.

Quatrièmement, Parmi les plantes indigènes et introduites, respectivement 36% et 30%, présentent des capacités phyto-épuratrices face aux Eléments Traces Métalliques et Métalloïdes présents dans les sols. Par exemple, Apium graveolens(Cèleri) est connu pour diminuer la concentration en cadmium des sols. De plus, pour les quatre stations communes terrestres et aquatiques des Aygalades, l’augmentation du recouvrement végétal est associée à une diminution des concentrations de certains éléments dissous comme l’azote, le chrome, le zinc et l’arsenic. Il est important de noter que toutes les espèces végétales caractéristiques des ripisylves humides démontrent des capacités phyto-épuratrices face aux ETMM.

Cinquièmement, la composition des communautés végétales change avec l’éloignement à la source, et sous l’influence du type d’occupation du sol adjacent. Les berges des Aygalades forment une mosaïque d’habitats ouverts et fermés avec une structure verticale hétérogène (tantôt avec ou sans strate arbustive prédominante). Qu’il s’agisse de la flore totale, native ou introduite, il existe une structuration spatiale des communautés en patchs opérant à une échelle d’environ 2 000m avec des changements abrupts dans la composition des communautés végétales et non un gradient progressif, ce qui met en exergue le caractère fragmentant du linéaire de berges imperméabilisé et de la matrice urbaine. Ainsi, les potentialités de dispersion des espèces végétales de la source vers l’embouchure sembleraient donc limitées. Au final, les différents déséquilibres / perturbations d’origine humaine ont laissé des empreintes visibles au niveau de la structure et du fonctionnement des communautés végétales qui ne peuvent plus jouer leur rôle en ce qui concerne la stabilisation des berges, l’épuration de l’eau, la régulation des crues, le contrôle, des eaux de ruissellement… le long du ruisseau des Aygalades.

Fin de citation du rapport de l'IMBE