La faune du ruisseau


Un ruisseau est la rencontre d'un milieu terrestre avec un milieu aquatique, c'est une zone d'échanges. Il existe des espèces animales aquatiques et terrestres mais nombreuses sont aussi celles qui intéragissent avec les airs et les eaux. Ces espèces semi-aquatiques utilisent les milieux aquatiques pour au moins une partie de leurs fonctions vitales (alimentation, déplacement, reproduction…).

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Larve de coccinelle dans le jardin de la cascade
Cours d'eau, essentiel aux cycles de vies

Tel est le cas de la libellule. Elle est un insecte que l'on aperçoit aux abords des zones d'eau douce. Animal volant, la femelle pond ses œufs dans les feuilles des plantes aquatiques. Une fois éclos, immergées à l'état larvaire, les libellules vont passer la majorité de leur vie sous l'eau en respirant grâce à leurs branchies. Puissant prédateur, elle chasse à l'affût du plancton, des têtards, et même des petits poissons. Cette période dure, la plupart du temps, d'une à trois années. Après plusieurs mues, la libellule émerge de l'eau en remontant sur une tige. Il est temps de s'extraire de la larve et de déployer ses ailes. A son tour désormais d'être la proie des grenouilles et aussi des oiseaux. Moustiques, moucherons et autres insectes, comme les papillons, composent désormais son régime alimentaire.


L'éphémère et le moustique sont également des espèces semi-aquatiques. Avant d'évoluer dans les airs, ils habitent à l'état larvaire le cours d'eau. Sans ce peuplement d'insectes, il ne peut pas y avoir d'animaux insectivores. Les chauve-souris, mammifères terrestres, chassent les insectes à la surface de l'eau et s'abritent dans les cavités des vieux arbres. Le campagnol amphibien, quant à lui, petit rongeur et bon nageur, se nourrit de plantes et de racines qu'il trouve dans l'eau ou sur les rives. Il aime vadrouiller sous les herbes abondantes des berges. C'est là qu'il creuse des terriers pour y vivre en petites colonies de quelques individus. Chez les oiseaux, le canard colvert interragit également avec les airs et l'eau. Il se nourrit principalement à la surface de l'eau mais couve ses œufs sur le sol des berges. Cependant, ces deux dernières espèces n'ont pas été recensées sur le ruisseau des Aygalades. Présents dans la région, la trame écologique turquoise renaturée les conduira peut-être jusque là. La fauvette à tête noire et le choucas des tours, quant à eux, jardinent les berges du ruisseau. La richesse des ressources les amène à chercher leur alimentation autour du ruisseau: baies et insectes. Ils dissémineront ensuite sur leurs parcours les graines mangées dans leurs déjections. De nombreuses espèces aux exigences variées se rassemblent autour d'un cours d'eau et de sa ripisylve.


Faune aquatique du ruisseau Caravelle-Aygalades

Résultat des prélèvements des eaux effectués par l'IMBE:

Pour effectuer les analyses pour le rapport sur les potentialités écologiques du ruisseau Caravelle-Aygalades, l'Institut Méditerrannéen de Biologie et d'Ecologie marine et continentale a déterminé 6 stations de prélèvement le long du ruisseau. Ce protocole a permis de savoir que la structure du peuplement évolue d’une station à l’autre. En amont et au milieu de sa route, les insectes dominent les résultats, les diptères exactement, suivis de près par les amphipodes c'est à dire des crustacés de petite taille comme les gammares. La station 2, à Septèmes-les-Vallons est dominée très nettement par les mollusques, ce sont principalement des racleurs de substrat. L’importance du développement des algues dites diatomées dans cette station peut expliquer l’important développement de ce groupe. La station 3, à Saint-Antoine, est dominée par des animaux vermiformes et des vers parasites des animaux et des végétaux. Les stations 5, aux Aygalades, et 6, à Saint-Louis, sont dominées par des populations d'insectes. Plus on va vers l'aval, plus le gradient faunistique se dégrade. Les discontinuités chimiques et physiques sont telles que le continuum est très largement modifié. Ces discontinuités se traduisent globalement par une mauvaise qualité biologique de la rivière.
Aucun poisson n’a été capturé. De ce fait, les nasses ont été repositionnées à chaque station toute la semaine. Malgré un effort significatif, ces dispositifs n’ont permis la capture d’aucun poisson. Il faut aussi noter qu’aucun poisson n’a été vu lors des différentes missions de prélèvements sur ce cours d’eau.

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Un gammare, gammarus Pulex
Dans un milieu lotique (cours d’eau), les modifications progressives des conditions hydrauliques, morphologiques et physico-chimiques (largeur, profondeur, débit, courant, température, conductivité, concentrations en nutriments...) de l’amont à l’aval engendrent un gradient continu des ressources trophiques disponibles qui détermine la distribution des algues et des invertébrés, en fonction des différentes stratégies développées par les espèces pour exploiter ces ressources alimentaires. La majorité des cours d’eau présente un gradient chimique amont-aval. La première discontinuité est d’origine chimique et se caractérise par un gradient de conductivité inversé qui confère au ruisseau des Aygalades une organisation écologique particulière. Elle s’observe sur la station 2 et engendre une modification et une altération du continuum fluvial. Cette station 2 marque la rupture chimique entre les stations 1 et 4 par de fortes densités algales et une différence de composition faunistique.
La deuxième discontinuité est d’origine hydraulique et marque une rupture sur la station 4. Cette station se trouve isolée hydrauliquement et fonctionne comme une mare stagnante et ultra eutrophisée. Ces ruptures du continuum du cours d’eau engendrent une fragmentation écologique sur les deux stations 2 et 4 avec respectivement une conductivité très élevée sur la station 2 qui conduit à sélectionner des espèces halotolérantes (bactéries, algues unicellulaires) et euryèces (= capables de supporter des variations importantes de certains facteurs écologiques). La rupture hydraulique sur la station 4 initie un asséchement progressif de la rivière sur ce secteur. Le ruisseau des Aygalades est particulièrement altéré par l’action humaine avec la construction de nombreuses parties busées qui constitue une discontinuité physique par une fragmentation de l’habitat aquatique et de la luminosité. Cet effet « barrière lumineuse » peut constituer un obstacle à l’auto-épuration des eaux car les parties assombries sont inhibitrices de photosynthèse et de décomposition organique. De plus, le busage exclut tout échange vertical avec le compartiment hyporhéique (situé sous le substrat du lit du cours d’eau).
L’absence de données anciennes et récentes nous empêche de faire une écologie rétrospective pour montrer l’évolution des éco-potentialités du ruisseau dans un contexte de pression urbaine. D’après cette première analyse de résultats, le ruisseau des Aygalades dispose en secteur ouvert de potentialités mésologiques et d’habitabilité ainsi que d’un capital écologique (algues et invertébrés)
mais que les communautés qui y résident sont sous l’influence du gradient de conductivité inversé.
Dans le ruisseau des Aygalades, de nombreux facteurs de discontinuités ont pu être répertoriés tels que les facteurs hydraulique, thermique, chimique, lumineux (absence de photopériode) et de pollution. Ceux-ci peuvent expliquer l’organisation écologique singulière des communautés et l’absence de poissons. Ces discontinuités peuvent impacter les services écosystémiques et la fonctionnalité écologique du cours d’eau.

Fin du résumé du rapport de l'IMBE


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Ce n'est pas le poisson chevesne du ruisseau...
Malgré tout, de façon surprenante et mystérieuse, un poisson chevesne s'est acclimaté à l'étang qui se forme aux pieds de la cascade des aygalades à la Cité des Arts de la Rue. Personne ne sait comment il est arrivé jusque là. Peut-être que ce fut lors d'un lâcher d'eau de la Durance dans le ruisseau Caravelle-Aygalades. Il ne s'est à ce jour par reproduit et résiste à la pollution de l'eau... Il s'appelle Vendredi!


Populations semi-aquatiques et terrestres

Plusieurs espèces semi-aquatiques sont présentes sur le ruisseau: la grenouille rieuse, le goéland leucophé, le martin pêcheur, la mouette rieuse, le grand cormoran, la libellule, le moustique.


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un martin pêcheur
Le martin pêcheur fréquente les bords d'eau douce à la recherche de petits poissons et crustacés. Au plumage bleu étincelant et roux vif, il adopte généralement un cours d'eau pour une saison puis ira pêcher sur d'autres eaux.







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Une grenouille rieuse
Amphibien, la grenouille peut hiberner sous l'eau, dans les alluvions qui tapissent le fond de la rivière, ou enterrée sur les berges. Elle se nourrit principalement d'insectes et pond ses oeufs en amas flottant à la surface de l'eau.





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Une mouette rieuse
La mouette rieuse se nourrit surtout de toutes sortes d'invertébrés, terrestres comme aquatiques et de petits poissons. Elle se reproduit aux lisières des marais, des étangs et des lacs, et dans les clairières dans les régions de forêt boréale. Elle hiverne dans des habitats côtiers variés.





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Un grand cormoran
Le grand cormoran se nourrit principalement de poissons. Il plonge pour capturer sa proie avec le bec, et il est capable de rester sous l'eau pendant plus d'une minute. Il vit sur les côtes rocheuses ou sablonneuses, dans les estuaires, près des lacs et des grands cours d'eau.






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Un goëland leucophée
Le Goéland leucophée est un prédateur/nécrophage opportuniste. Son régime alimentaire se compose bien sûr de poissons, vivants ou morts, d'invertébrés aquatiques (mollusques, crustacés) et terrestres (gros insectes, vers, petits mammifères comme les campagnols, oiseaux. Certains oiseaux se sont spécialisés et sont pendant toute la mauvaise saison des détritophages liés aux centres d'enfouissement techniques où la ressource est grande. Ils y retrouvent de nombreux autres récupérateurs comme la Mouette rieuse. Il leur faut quand même de l'eau à proximité pour boire, se laver et passer la nuit.



Les espèces terrestres sont aussi très nombreuses autour du ruisseau, espace d'habitat, de ressources de nourriture et de lieu propices à la reproduction dans un contexte urbain: choucas des tours, rougequeue noir, mésange charbonnière, mésange à longue queue, merles noirs, geais des chênes, pic vert, perruche à collier, pie, tourterelle turque, fauvette passerinette, fauvette mélanocéphale, rats, chauve-souris, chouette hulotte, bergeronnette grise.

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Un rouge-queue noir
Le chant particulier du rougequeue rappelle le bruit d'un papier que l'on froisse. Insectivore, il lui faut pour chasser des espaces dégagés à sol nu ou peu végétalisé.




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Une bergeronnette grise
Le cri habituel, émis au posé ou en vol, est bisyllabique. C'est un "tsi uit" ou "ti pit" liquide, ou une variante sur ce thème. Le chant est une suite continue de notes mouillées gazouillées, ayant la même tonalité que le cri, assez peu sonore.



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Un choucas des tours
"kiah kiah..." lorsqu'il est répété dans l'excitation du moment. Ces cris sont émis aussi bien au posé qu'en vol. Le Choucas des tours est un omnivore. Son régime doit être assez comparable à celui du freux, majoritairement végétarien sur l'année (graines diverses, baies, jeunes pousses) mais nettement plus carnivore en période de reproduction et d'abondance des insectes, en particulier pour l'alimentation des jeunes.





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Une tourterelle turque
La tourterelle turque est un petit pigeon élancé, vivant proche de l'Homme et de ses activités. On entend son chant qui participe à l'ambiance sonore des hameaux, villages et autres périphéries urbaines.