39 VICTIMES TÉMOIGNENT, DOCUMENTS À L’APPUI. Violences en série, menaces de viol, racisme : enquête sur la police d’Argenteuil

Type de ressource : site internet
Description de la resource : Multiples passages à tabac, menaces de mort et de viol, insultes racistes, fausses dépositions... 39 témoignages, des documents et vidéos collectés par StreetPress démontrent l’extrême violence et l’impunité de la police d’Argenteuil.

« Ça a duré sept à huit minutes. Ils m’ont lynché. Ils rigolaient, me relevaient alors que je tenais plus sur mes jambes, me mettaient des balayettes et des baffes ». Au téléphone, Erwan, 22 ans, a la voix posée mais parle « d’humiliation ». Il décrit par le menu les violences infligées par des policiers de la Brigade anticriminalité (Bac) d’Argenteuil (95), en novembre 2019. Originaire de Marseille, ce sudiste est en vacances à Bezons, une ville limitrophe. Il fume une cigarette dans un square, rue de la Berthie, quand une patrouille de baqueux en civil arrive dans une Skoda noire. « Ils sont arrivés comme des cailleras. Je n’ai pas compris que c’était la police », se souvient-il. Un des agents lui donne un coup de matraque sur les doigts pour lui dégager la clope qu’il grille, avant de l’embarquer dans un hall en face. À l’intérieur, un des policiers lui demande de déverrouiller son téléphone. Erwan s’exécute. L’agent regarde l’écran quelques secondes avant de lui envoyer « deux grosses tartes avec ». « Un putain de grand coup dans l’oeil », s’exclame-t-il, qui lui ouvre l’arcade. La violence est telle que des bouts de verre lui restent dans l’orbite. Le deuxième, au niveau de la bouche, lui ouvre la lèvre supérieure. Un autre policier le cogne deux fois avec sa matraque. Le second coup dans la tempe lui cause « un mini-KO ». Le calvaire se poursuit « jusqu’à ce qu’ils voient que je n’étais pas bien », se rappelle le Marseillais :

« Ils m’ont dit : “Prends tes affaires et casse-toi, on veut plus jamais te revoir ici”. »