La méthode de Design



Rappelez vous, la permaculture se définit comme une méthode de conception destinée à la création d'environnements humains soutenables.

Pourquoi une méthode de Design ?
- Une méthode aide à aborder le projet pas à pas.
- C'est un guide pour concevoir cet environnement humain soutenable.
- Plus on réfléchit en amont plus on économise du temps, de l’énergie, de la motivation, de l’argent !
Il ne s'agit pas d'un processus linéaire. Comme tout projet systémique le cheminement est transversal et cyclique.

Il existe plusieurs méthodes de conception : SADIMEP, OBREDIM, les 5D... Il s'agit souvent d'un acronyme mnémotechnique avec des étapes plus ou moins détaillées. Pour approfondir un peu les autres méthodes, rdv sur la page MethodoDesign.

Tout au long de cette année nous allons présenter et approfondir la méthode BOLRADIMEC.

Que veut dire BOLRADIMEC ?
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BOLRADIMEC

C'est une succession d'étapes pour l'élaboration d'un DesigN en Permaculture !
Commençons par 2 étapes primordiales :

1) le BUT ou encore la VISION ou le REVE du projet
Tout projet commence par un rêve, personnel et/ou collectif.
Le rêve c'est ce qui donne la direction, ce qui donne envie d'avancer.
Cette vision, ou ce rêve, est notre représentation (plus ou moins précise et intuitive) du projet abouti, souhaité.
Au-delà du rêve imaginaire, la vision contient implicitement la Raison d'être du projet, essentielle pour bien adapter son design.
Pour préciser la raison d'être de votre projet:
- Quel est le rôle du projet : dans ma vie ? Dans son environnement, dans le quartier, le village... ?
S’agit-il d'un projet personnel/professionnel, d'un projet d'autosuffisance alimentaire, d'un projet de loisirs, d'un projet pédagogique ?...
-Quelles sont les valeurs principales du projet : comment est-ce que je priorise les valeurs incarnées par le projet.
La vision permet à tout moment de faire des choix et de préciser l'orientation du projet. C'est pour cela qu'il est important de passer du temps sur cette étape et de se mettre d'accord avec tous les participants au projet ! C'est vital pour la suite du processus. Evidement la vision peut évoluer mais cela implique souvent de revoir les étapes suivantes du Design.
Pour définir votre BUT, des OutilS sont à votre disposition !

2) l'OBSERVATION
L'observation est le fil conducteur de tout projet de permaculture. Elle permet de s'adapter en permanence à l'environnement, où que l'on soit. C'est la clef principale de l'autonomie, qui nous permet d'apprendre par nous-même, en s'inspirant des lois et principes naturels. C'est aussi une source d'inspiration pour co-créer nos écosystèmes avec ingéniosité et créativité.
En permaculture on recommande d’observer son lieu pendant un an, pour l’observer à différentes saisons, à différents moments de la journée, sous différentes « météos » etc. Cette observation se poursuit tout au long de la vie, au quotidien..
Dans cette étape d’observations nous relevons l’existant afin d'établir différents relevés et cartes du lieu aussi dénommés « Plan des Secteurs (PlanSecteurs) ».
Dans le cadre d'un Design de vie, c'est nous même que nous allons observer !
Vous l'avez compris ici nous cherchons à répondre au quoi ? et non au pourquoi ! Patience cela arrivera dans une prochaine étape

3) Les LIMITES
Les limites définissent les contours du projet que ce soit les éléments potentiellement bloquants ou les bordures et interfaces.
A l'image de l'organisation de la vie sur terre, chaque « organe » du système, du design, est un système en lui-même.
Il s'agit donc avant toute chose de s'assurer d'avoir bien défini quel système l’on "designe"... un village ? un paysage ? un jardin forêt ? un jardin ? une parcelle de jardin ? une serre ? une jardinière ?... L'étape des limites fait partie de l'observation à réaliser une fois l'étape du BUT bien définie.
Quelles peuvent être les limites du projet ?
- Sur le lieu suite aux observations : par exemple : Exposition, ombres portées, peu de production de biomasse sur le lieu etc...
- A proximité du lieu : par exemple : Le voisinage, une usine, une vue à cacher etc...
- Le budget, les ressources financières disponibles pour le projet peuvent être une limite ou une contrainte à prendre en compte.
- Les ressources humaines disponibles
- Les contraintes légales pouvant impacter le projet
- Etc...
Lorsque l'on parle de bordures et d'interfaces, il s'agit de se poser la question suivante : Qu'est-ce que le projet partage avec l’extérieur ?
Pour rappel, l'effet de bordure (ou effet lisière) est la transition entre deux écosystèmes, un espace particulièrement riche en biodiversité. Par exemple, quels sont les liens avec les parcelles voisines, avec le village, le quartier, etc...
Les limites peuvent également avoir leurs pendant dans les ressources, ces 2 étapes sont très intimement liées !

4) Les RESSOURCES
Appuyez vous sur la réflexion des bordures et interfaces ! La définition des limites et ressources sont liées.
Le réflexe naturel « du permaculteur » est de valoriser ce qui est existant, notamment tout ce qui n'est pas exploité ou sous-exploité :
- matériaux,
- plantes du site,
- argent disponible,
- compétences humaines,
- temps disponible,
- biomasse disponible à proximité (comme tonte, broyat, feuilles, fumier d’écuries voisines etc. - essayer d’en lister un maximum),
- contacts communauté locale, amis,…
Toutes ces ressources sont listées, et si besoin quantifiées.

5) L'ANALYSE
Il est temps de faire l’analyse des premières étapes !
Commencez par lister quelles sont les ressources nécessaires au vu des besoins et les ressources déjà présentes qui peuvent être valorisées. Vous établirez ainsi une liste de tous les éléments composant le système : serre, stockage d'eau, cheminement, liste des plantes, etc... en distinguant ce qui est déjà présent de ce qui est projeté. N'hésitez pas à ce stade à différencier les organes vitaux (sans lesquels le projet ne peut pas se faire), des éléments importants et des éléments bonus.
Pour chaque élément, réfléchissez ensuite à sa place fonctionnelle, c’est-à-dire son rôle et ses besoins, au sein de l’écosystème du projet. Pour chaque élément principal il est possible de lister:
- ses rôles, ses fonctions dans l'écosystème
- ses besoins
- ses ressources / ce qu’il produit
On peut pour cela utiliser l’outil de l’Analyse fonctionnelle (AnalyseFonc) pour voir apparaitre de possibles liens entre les éléments du design : quelles sont les interactions entre chaque éléments ? En quoi le produit d'un élément remplit le besoin d'un autre élément ?
Cette analyse aide à trouver le meilleur emplacement relatif pour chacun des éléments.
En parallèle, n'hésitez pas à vous appuyer également sur la méthode de ZonagE. Cette technique permet de recentrer le placement des éléments en fonction des habitudes des habitants du lieu. Rappelez-vous du pilier de l'éthique "prendre soin de l'Humain" !
Enfin l'échelle de la permanence proposée (EchellePermanence) par PA Yeomans vous aidera à définir un ordre de priorités entre plusieurs éléments considérés comme limitants dans le système en donnant toujours la priorité à un "problème" situé en haut de l'échelle par rapport au bas.

6) Le DESIGN
Le design se traduit parfois en français par le mot "conception". En effet lors de cette phase le "designer" agence des éléments dans l'espace et dans le temps. Toutefois la signification est plus large puisque qu'il englobe aussi la notion d'intention (rêve, raison d'être, vision, ambition...) des personnes qui "designent".
Dans cette étape, il s'agit dans un premier temps d'établir un plan-guide, c'est un schéma général d'aménagement du projet avec le positionnement des principaux éléments. Pour cela on s'appuiera notamment sur le zonage, les emplacements relatifs, la carte des secteurs, les besoins et la vision du projet.
Avant de fixer notre plan définitif, on veillera à explorer toute une variété de scénarios soit en utilisant la technique de conception par élimination soit en générant des idées concepts.
- la technique de conception par élimination : "Où cet élément ne devrait pas être placé ?" Une fois que l'on a éliminé les pires options on peut regarder celles qui restent.
Par exemple pour placer une serre: créer un calque pour chaque saison: représentant les facteurs limitants pour chaque saison: cela permettra de décider du meilleur endroit pour la serre, la où elle recevra le plus de soleil toute l'année, ou si l'objectif est d'utiliser la serre sur une saison précise le choix sera différent.
- la génération d'idées concepts : il s'agit de placer les éléments selon une hypothèse définie
Par exemple se focaliser sur un des risques du terrain (vent, inondation, incendie etc) et tout positionner par rapport à cette contrainte majeure. Aidez-vous de l'échelle de permanence (EchellePermanence).
Lorsque le plan-guide sera validé, c'est le moment de zoomer dans le projet (ouvrages de gestion de l'eau, constructions, plans de plantation...).

7) L'IMPLANTATION
Super ! On a notre DESIGN! :-) .... Mais par où commencer??!!
Cette étape est très similaire à la gestion de tout projet :
- penser aux étapes successives en fonction des objectifs et priorités (là aussi appuyez vous sur l'échelle de permanence (EchellePermanence) pour définir des priorités), 
- au calendrier et à vos contraintes,
- au budget disponible,
- aux outils, aux matériels, aux "bras" nécessaires, etc...

a. "Partir de l'ensemble pour arriver au détail" : identifiez toutes les grandes tâches essentielles à réaliser (par exemple: "planter un verger", "installer des cuves de récupération d'eau"...) en vous appuyant sur le plan-guide validé;
b. Classer les grandes tâches par ordre d'importance et de chronologie.
Pour chaque zone aménagée, on suit généralement l’ordre suivant :
• Terrassements, réseaux
• Constructions, maçonneries
• Mobilier, clôtures
• Plantations
c. Définir un calendrier global;
d. Quand le calendrier global est établi, on peut aller dans le détail de chaque grande tâche en s'appuyant sur les plans détaillés réalisés lors de l'étape de Design (détailler les outils nécessaires et planifier en détail chaque tâche);
d. Réalisation effective des ouvrages et des plantations.

8) La MAINTENANCE
La maintenance est l'entretien des espaces, des lieux, des plantations, la réparation, etc... Bref tout ce qui vit sur le lieu !
C'est souvent une étape oubliée dans la construction d'un projet, or cela prend du temps et de l'argent. Pour optimiser la maintenance vous pouvez également réaliser un calendrier.

9) L'EVALUATION
Le design du lieu est en éternel mouvement. Lorsqu’est venu le moment de mettre en œuvre, la réalité nous invite bien souvent à l’adaptation. Continuez à observer lorsque vous réalisez vos aménagements ! Car ces observations vous apporteront une expérience qui vous vous permettra d'identifier des axes d'amélioration et de modification à intégrer dans les espaces déjà réalisés et les futures réalisations.
C’est là que commence vraiment le design ... en adaptant le système au jour le jour, en acceptant de cultiver un équilibre dynamique.
Bill Mollison avait l’habitude de rappeler que tout se jardine…

10) La CELEBRATION
Cette étape n'a pas besoin de commentaires, libre à chacun de l'adapter à soi ! Surtout la célébration est indispensable à chaque étape dans le processus de prendre soin de l'humain !

Et pour un focus jardin / potager, rendez-vous sur la page DesignPotager !