Marseille, port de Croisés au temps des croisades


Plusieurs ordres monastiques se sont installés le long du ruisseau notamment au temps des croisades, vers le XIIème siècle. Débarqués dans le port de Marseille, les premiers ont dû remonter le fleuve Caravelle depuis son embouchure. Les grottes formées par le tuf offraient l'isolement et l'abri nécessaires à la pratique de leur foi. Cette roche devint des lieux d'ermitage.

Les Carmes et les Carmélites:

C'est après la chute de la ville chrétienne de Jérusalem, conquise par le kurde islamite Saladin, que les Carmes vont se réfugier... Aux Aygalades, où se trouvait au XIII ème siècle une communauté judéo-arménienne-chaldéenne, venue des Alpes: Vauson/St. Geniès/ la vallée de Galaad (Digne-la-Javie-Le Mont Couard) et de la vallée de l'Esteron dans le Haut Var. C'est le secret des Pénitents blancs de la chapelle Ste Philomène (nom caché de Néron) à Comps sur Artuby... Sur une autre Tora que donne Sainte-Anne à la Petite Marie.

Les Chevaliers de Saint-Lazare rejoindront aux Aygalades les Carmes, à la fin du XIIIème siècle. Après les Croisades, Saint Simon Stock fit modifier la Règle afin que les Carmes puissent mener un apostolat plus actif; ceux-ci devinrent alors des moines mendiants. En 1247, l'ordre mendiant est organisé par le Pape Innocent IV. De nombreuses communautés issues de l'Ordre s'installèrent à Chypre, à Messine, à Marseille (aux Aygalades entre 1235 et 1244), et en Angleterre.
Dans la branche féminine, l'Ordre le plus connu est celui des carmélites déchaussées, fondé au XVIème siècle par Sainte Thérèse d'Avila. Les carmélites, qui vivent cloîtrées, sont exclusivement contemplatives et leur spiritualité insiste sur le rôle de la prière, de la pénitence et du silence.

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Le moulin des Carmes, Extrait du

L'Ordre Militaire et Hospitalier de Saint-Lazare de Jérusalem:

Avant les Croisades, il existait à Jérusalem, en dehors des murailles de la ville sainte, un hôpital pour les lépreux, placé sous l'invocation de Saint-Lazare. Les hospitaliers de Saint-Lazare devaient accueillir parmi eux les Chevaliers des autres ordres atteints de cette maladie. L'Ordre de Saint-Lazare est issu d'un hôpital et d'un quartier latin arménien fondés en 805 par Charlemagne.

Les Saint-Antonins:

Le plus ancien établissement religieux de Marseille est celui des Antonins installé sous l'autorité de leur commandeur Guillaume Gaillard ,en 1202 du côté de la rue St Antoine au Panier. Ces religieux hospitaliers soignaient "la peste de feu" dite aussi "mal des ardents". En 1206 Ildefonse II, roi d'Aragon et comte de Provence, donne aux religieux Antonins une grande propriété près de Marseille situé aux Baumes. Baumes veut dire grottes en provencal, ici on parle d'excavations naturelles dans le tuf. À l'image du patron de leur ordre, le grand St Antoine, l'égyptien, appelé aussi St Antoine du désert, ermite du 3 ème siècle ayant vécu dans des grottes (ou tombes) en Égypte sous le "feu des tentations", les Antonins avaient un attrait particulier pour ces lieux potentiels de retraite où ils aimaient s'isoler. En outre ces terres étaient fertiles avec un ruisseau qui les irriguait et l'on pouvait y cultiver de quoi nourrir les nombreux malades qu'ils soignaient dans leur hôpital, puis les y loger ensuite, car ils les gardaient à vie. En effet, la peste de feu ou ergotisme gangréneux, maladie effroyable, créait des hallucinations effrayantes, faisait perdre tout ou partie de certains membres amputés par de nombreuses lésions, les malades guéris restant estropiés ou diminués (voir les tableaux de Jérôme Bosch qui en sont inspirés). Cet ordre religieux oublié a été dissous par le Pape en 1775 et tous leurs biens et leur réseau d'hôpitaux dans toute l'Europe ont été récupérés par l'Ordre de Malte. Une première église fut consacrée aux Baumes, dans une grotte. Quant à leur hôpital de Marseille, les historiens divergent sur sa localisation. Certains le situent aux Baumes, d'autres près du port. Plus aucune trace de toute façon. Seuls sont restés longtemps à St Antoine, les deux piliers d'entrée avec le "Tau" symbole d'Antoine et de l'ordre, jusqu'à leur destruction pour la construction à cet endroit exact de la faculté de médecine qui jouxte l'hôpital Nord. Le village prend le nom de Baumes St Antoine en 1693 puis seul subsistera le nom de St Antoine à l'image des autres villages marseillais qui portaient des noms de saints. Le Bouhidous (ou Bouillidous )est un affluent de Caravelle qui venant de la Gavotte débouche au niveau de la place des Baumes. Ce ruisseau presque à sec désormais, a été nommé ainsi car après les fortes pluies de printemps et d'automne, les eaux sortaient en bouillonnant. Les enfants le guettaient car le premier qui en signalait la nouvelle percevait une pièce. En 1719 une crue appelée déluge arrache le pont de pierres sur le Bouhidous. On le remplacera par un pont de bois .En 1767 un pont de pierre est reconstruit. A noter aussi qu'en 1759 la voûte de l'église s'effondre sous le poids de l'eau qui y croupissait.