Nous avons échangé LionelG et moi(Jeff) sur un ensemble de questions qui pourrait faire l'objet d'échanges d'idées entre nous. Nous avons listé quelques idées en vrac qui sont exposées ci dessous, exposées sans a priori ni ordre de priorité, et dans l'idée que chacun qui s'en sent l'envie vienne enrichir la discussion. Selon la tournure de cette discussion cela pourrait faire l'objet d'une synthèse et pourquoi pas d'idées à faire avancer.

Evidemment beaucoup des questions ne sont pas nouvelles, nous ne voulons pas nous substituer aux sociologues, politiques, et autres épistémologues en tout genre, mais si chacun donne un avis ca peut faire émerger des choses interessantes à notre niveau du LEGOS.

Donc on voudrait aborder cela sous un angle ouvert et toutefois balisé par des questions autour de la place de la science vis à vis de la vie de la cité, d'un point de vue qui peut être matériel mais aussi (et surtout?) culturel et philosophique en suivant quelques lignes de forces, (en essayant de tourner cela autour de l'experience personnelle aussi, pas juste des grandes idées politiques) mais en laissant ouvert bien sur à de nouvelles idées de discussions.

voici quelques points donc ci dessous pour lesquelles chacun peut donner son point de vue sur ce qui l'intéresse:

1) Il nous semble que la parole de la science est emportée dans le flot du discredit de toutes pensée un peu construite et qui nécessite de longue année parfois de reflexion, d'experience, d'efforts, d'échec aussi, et de beaucoup de travail. Comment cela transparait-il dans vos recherches, dans votre vision de votre activité de chercheurs, et imaginez vous des modes de transmission vers le reste de la société qui puisse apaiser les débats autour de ces questions?
2) Est ce que le temps en confinement, avec un mode de vie pour certains d'entre nous plus propice à la reflexion, vous a amené à réfléchir sur ce que votre travail vous apporte en terme d'épanouissement, et à repenser vote conception de votre métier et de la façon de le réaliser?
3) Quelle place et quel role voudriez vous voir émerger de cet activité si riche humainement qu'est la recherche scientifique?
4) Y a t-il des nouvelles façons de collaborer, au niveau d'un laboratoire, mais aussi avec vos collègues français et étranger que vous souhaiteriez voir émerger?
5) Est ce que ce confinement vous amène à repenser votre rapport au temps? la patience et la persévérance, mais aussi les inévitables erreurs liées à toutes activité de recherche, n'ont-ils pas été relégués au profit d'une reconnaissance immédiate qui passe par la "sur publication", l'incitation à ne pas prendre trop de risque (complètement contradictoire pourtant avec notre métier), à consacrer une part démesurée dans la recherche de financement seuls à même de mener vos recherches, au détriment du temps que vous y passer, et aussi au détriment des relations que vous pouvez avoir avec vos collègues? Comment laisser, au sein d'un labo, mais aussi au sein de l'organisation de la science, une plus grande mage de manoeuvre pour aller dans des voies inexplorées et qui peuvent ne pas donner de résultats sonnants et trébuchant dans un laps de temps réduit? Est-ce un débat, d'après vous, d'arrière garde, ou cela mérite-il de penser une nouvelle conception de faire de la science?
5) Pensez vous que le monde de la recherche scientifique se doit d'être irréprochable vis à vis de certaines questions tel que le réchauffement, les droits humains, la compréhension mutuelle entre des sociétés et des cultures qui ne se comprennent plus ou mal?
6) Que vous inspire le constat, selon nous, de l'importance grandissante du chiffre dans la traduction de résultats de travaux scientifique? En d'autres terme ce besoin de certitude imposée indirectement par la société, une certaine forme de refus de l'échec qui dans ses formes extrêmes peuvent conduire à un rejet sous une forme insidieuse traduite par: la science n'est pas capable de nous apporter une réponse alors à quoi sert-elle? pourquoi dépenser tant d'argent si c'est pour dire que l'on ne sait pas répondre à ces questions? On nous abreuve en permanence de chiffres, et on attend de nous que nous alimentions cette machine à produire du chiffre. Est ce à nouveau un combat d'arrière garde, ou est ce que vous le ressentez dans votre vie de chercheurs?
JF & Lionel