Actu 7 - Le Flâneur Guesthouse : 1ère auberge montée en SCOP dans la région lyonnaise.

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Description : 1 décembre 2016

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État d'esprit de la SCOP

Charles Baudelaire: dans Le Figaro, 1863.

«Pour le parfait flâneur, pour l'observateur passionné, c'est une immense jouissance que d'élire domicile dans le nombre, dans l'ondoyant, dans le mouvement, dans le fugitif et l'infini. Être hors de chez soi, et pourtant se sentir partout chez soi ; voir le monde, être au centre du monde et rester caché au monde, tels sont quelques-uns des moindres plaisirs de ces esprits indépendants, passionnés, impartiaux, que la langue ne peut que maladroitement définir. L'observateur est un prince qui jouit partout de son incognito. L'amateur de la vie fait du monde sa famille, comme l'amateur du beau sexe compose sa famille de toutes les beautés trouvées, trouvables et introuvables ; comme l'amateur de tableaux vit dans une société enchantée de rêves peints sur toile. Ainsi l'amoureux de la vie universelle entre dans la foule comme dans un immense réservoir d'électricité. On peut aussi le comparer, lui, à un miroir aussi immense que cette foule ; à un kaléidoscope doué de conscience, qui, à chacun de ses mouvements, représente la vie multiple et la grâce mouvante de tous les éléments de la vie. C'est un moi insatiable du non-moi, qui, à chaque instant, le rend et l'exprime en images plus vivantes que la vie elle-même, toujours instable et fugitive.»

Depuis l'arrêt St André du Tramway T1 ... Jusqu'à la rue numéro 56 Sébastien Gryphe dans le 7e arrondissement de Lyon.

Je suis passé par un dédale de rues. J'ai entraperçu une mixité sociale* entre logement HLM et privés. Et une dynamique commerciale, en passant devant un nouveau local commercial avec de belles baies vitrées et des personnes impliquées dans leur travail. Puis d'une rue à l'autre, devant un groupe de jeunes capuchons sur la tête, bières sur table, se tenant chaud. Puis la rue suivante, un homme à vélo, l'air flânant, clope au bec.

Les contrastes multiculturels, de rues en rues, les changements d'atmosphères sont bien observables dans ce quartier. Ce qui lui donne un peu de mystère et un caractère cosmopolite.

"Le Flâneur Guesthouse" est une SCOP, autrement dit une Société Coopérative et Participative. Soumises à l’impératif de profitabilité comme toute entreprise, mais elle bénéficie d’une gouvernance démocratique et d’une répartition des résultats prioritairement affectée à la pérennité des emplois et du projet d’entreprise. (Les valeurs coopératives et le management participatif sont des atouts qui séduisent les nouvelles générations, désireuses de donner plus de sens à leur vie professionnelle.) Elle accueille principalement des étudiants, des voyageurs, des travailleurs, selon les périodes et les saisons. (Tandis que d'autres auberges de ce quartier situé entre le 7e et le 3e arrondissements, sont montées en SAS ou SARL.)

Composée de 3 associés dirigeants. Chaque associé a le même poids et où le partage des richesses, du travail et des responsabilités est équitable.

Cette SCOP est ouverte depuis le 30 octobre 2015

Écologie et Solidarité

Les Flâneurs mettent à disposition, la pièce commune, la pièce à vivre, bénévolement. Permettant à des associations qui partagent les mêmes valeurs, de faire des animations ou autres, sans bourse délier. Ainsi qu'un atelier de 30 m2 environ, ouvert aux artistes, musiciens, sculpteurs et cetera et cetera qui voudraient (par exemple faire un vernissage...)

Leurs meubles, bureaux, banquettes, comptoirs sont en bois ou en carton de récupération.

Cette SCOP a des pratiques écologiques, elles sont à mettre en valeur à l'heure de la déforestation intensive ! Leur logique d entreprise est comme à contre-poil de celle du capitalisme forcené. Ils peuvent revendiquer la valeur "fraternité". Ainsi cette SCOP, toutes proportions gardées, contribue à populariser la solidarité et l'écologie dans ce quartier en pleine mutation.

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Économie

Après entretien avec Markian Nirrengarten, (Responsable Finance & Administration) associé dirigeant de la SCOP : Parler économie à bâton rompu, me semble pertinent (même hors contexte). Il m'a conseillé de m'intéresser à "Jeremy Rifkin, économiste américain" et plus particulièrement à "la logique du coût marginal zéro" de ce dernier.

En quelque mot : "La logique du coût marginal zéro" est une logique d'un capitaliste afin d'obtenir une marge financière élevée, autrement dit, un coût marginal proche de 0. Ex: une chaîne de production de voiture : Les 3 premières voitures en production, coûteront beaucoup plus cher à l'industriel que la 101 voiture. Donc, plus la production de cette chaîne s'accélère et dure dans le temps, plus la marge financière en bénéfice est importante pour l'industriel...

Ce qui est choquant c'est que la 1ere voiture comme la 101-500 serait vendue aux consommateurs au même prix !? Encore une logique qui participe à la frénésie de production, de rentabilité, démultipliant l'épuisement des ressources limitées de la planète et ensuite favorise la boulimie d'achat... Ainsi de suite ... Alors que la planète bleue nous écrit régulièrement comme en recommandé : "Je ne peux plus vous suivre.." comme le ferait une banque à un particulier ou à une PME...

"D’après Rifkin, ces nouvelles technologies permettraient de produire énergie et biens manufacturés en abondance à un coût marginal proche de zéro, remettant en cause le modèle du capitalisme au profit d’une communauté de prossomateurs* (consommateurs et producteurs).
Depuis Adam Smith, qui dès la fin du 18ème siècle prônait la division du travail, en passant par la mécanisation de la chaîne de production d’Henry Ford, la réduction de ce coût marginal a été au cœur des préoccupations des capitaines d’industrie capitalistes qui tentaient de maximiser le profit et les rendements en rationalisant et en modernisant le processus de production."

En savoir plus :

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Photo : Une ligne d’assemblage Ford en 1913, Highland Park, Michigan, Domaine Public via Wikimedia Commons

"La révolution informationnelle nous condamne-t-elle au chômage de masse ? Nous avons interrogé Jeremy Rifkin, auteur du livre " la fin du travail ". Dans ce livre remarquablement informé, devenu un best-seller aux Etats-Unis, Jeremy Rifkin présente d'abord un constat : nous sommes entrés dans une nouvelle phase de l'histoire qui se caractérise par le déclin inexorable de l'emploi. Pour lui, la réduction du temps de travail et le développement de l'économie sociale constituent les réponses adaptées."

Conclusion : Je ne suis pas ressorti complètement indemne des locaux des flâneurs. La pièce commune est vraiment belle, conviviale, la bonne ambiance règne. De bonnes ondes et le texte de Baudelaire illumine et intrigue, les curieux comme les observateurs en balade. Je me suis acclimaté facilement à l'endroit. Je me suis senti très vite accepté en tant qu'être humain, avant même de parler de l'étiquette costume de ma situation sociale... Je recommande cette SCOP. Créatrice de liens. -L'universel fugitif, toujours en mouvement, une facette plutôt qu'un kaléidoscope, tout au plus, un renvoi d'image, insatiable du non-moi.-

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*Prossomateurs : La société consumériste que nous connaissons est en train de profondément changer. Les habitudes de consommation se modifient, les exigences des consommateurs également. Le bouleversement technologique et économique que nous vivons est en train de créer un nouveau type de consommateur.

*La mixité sociale : est à la fois un état : la cohabitation sur un même territoire de groupes sociaux aux caractéristiques diverses, et un processus : le fait de faciliter la cohabitation sur un même territoire de groupes divers par l’âge, la nationalité, le statut professionnel, les revenus afin d’avoir une répartition plus équilibrée des populations.

Charles Martin, reporter bénévole pour Colibris Lyon
Site Internet en référence : http://www.leflaneur-guesthouse.com/
Etat : En cours