Actu 1 - Projection de Food coop au Comoedia

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Description : 25 octobre 2016

Nous avons assisté à l’avant-première du documentaire Food Coop, réalisé par Maellanne Bonnicel et Thomas Boothe, suivie d’un bord de scène en présence de ce dernier. Les valeurs retrouvées : la démocratie, la solidarité, le bien-être, l’alternative économique et l’écologie par le soutient de différentes questions éthiques telles que prioriser les petits producteurs, le local, le bio, l’équitable. Et bien sur l’humanisme.

Park Slope, c’est quoi ? Un quartier situé à l’Ouest de Brooklyn réputé pour être le meilleur endroit pour vivre à New York, un peu " bobo " où la vie est plutôt paisible autour de Prospect Park. Tom Boothe à travers ce film nous dévoile la vie d’un supermarché pas comme les autres, en plein cœur de la ville de New York.

Fondée en 1973 La coopérative Park Slope Food Coop (on dira la PSFC pour faire court) située aujourd’hui au 782 Union St, se veut être le supermarché de la diversité.

Avez-vous déjà entendu parler ou vu un supermarché où les employés ne sont pas des employés mais des « B-E-N-E-V-O-L-E-S» ; ou presque ; puisque sur 16 000 adhérents, seulement 80 sont salariés. Les fondateurs de cette coopérative ont eu une brillante idée : pour réduire le prix de leurs produits, il fallait trouver une solution pour réduire les marges. Du coup le supermarché est géré par une poignée de salariés. Ils décident uniquement des produits qui seront vendus, pendant que les bénévoles de leur côté gèrent la politique de l’établissement comme tout bon propriétaire. Ils apportent leur aide 2h45 par mois, et peuvent tranquillement faire leur course dans un lieu où la nourriture et les produits du quotidien proposés leur correspondent.

La politique est simple, si un produit ne se vend pas, il est retiré de l’étalage le plus rapidement possible. Le stock tourne comme aucun supermarché n’a réussi à ce jour, cela occasionne par conséquent très peu de perte. Les produits organiques périmés quant à eux, sont collectés puis apportés par des bénévoles dans un jardin partagé situé à deux pas du supermarché. Les aliments sont alors mis au compost et retrouvent une seconde vie. Encore moins de déchets à gérer pour la coopérative. Autre exemple de poste que l’on peut trouver à la PSFC : le « Walker ». Cette personne est disponible pour aider les adhérents trop chargés avec leurs courses, et les accompagne jusqu’à leur voiture ou au prochain transport en commun. A cela s’ajoute une nounou qui garde vos enfants gratuitement pendant que vous faites vos courses. Plus de service que dans n’importe quelque supermarché et tout un élan de solidarité autour de la vie de cette coopérative.

Le film de Tom Boothe nous plonge en plein cœur de la vie de ces travailleurs, dans un lieu où règne une réelle ambiance de quartier. Plus qu’une leçon de vie, ce film déborde d’humanité et de partage. Les habitants ont retrouvé fois en leurs aliments, et cette prise de conscience dans un pays où la mal bouffe règne en maître, est un véritable exemple à suivre et à propager.

Et sur Lyon ?

Ce supermarché loin des stratégies économiques du marché actuel et des griffes du marketing occidental fonctionne selon ses règles internes qui lui conviennent et séduisent de plus en plus de personnes, à la recherche d’un meilleur mode de consommation. On voit émerger dans plusieurs grandes villes de France le projet de répliquer ce modèle à la lettre, puisqu’il a fait ses preuves depuis toutes ces années aux Etats-Unis. Paris, Bordeaux, Grenoble etc. et bientôt Lyon on l’espère avec son projet « Demain », que sont venus nous présenter à la fin de la séance Franck et Mathieu, aux côtés de Tom Boothe, réalisateur du documentaire et fondateur de La Louve, supermarché coopératif qui va ouvrir dans les semaines à venir à Paris.


Entretien avec T. BOOTHE


« Les amis de la Louve » à Paris est une association fondée en 2010 par T.Boothe et Brian Horihan, dont l’objectif est de reproduire le modèle américains de la PSFC. La coopérative « La Louve » va ouvrir ses portes très prochainement dans le XVIII, où 2800 bénévoles et 12 salariés vont travailler ensemble dans un même but : mieux manger et faire des économies.

Alors que depuis 40 ans la PSFC fonctionne à plein régime, la politique et les médias américains n’ont pas apporté leur soutien pour que cette idée se développe ailleurs. Pourquoi ? Simplement parce qu’aux états unis, ce supermarché divise l’opinion. Comment pourrait-on tolérer un endroit qui n’ouvre ses portes qu’aux personnes qui offrent de leur temps en échange ? Ou encore comment accepter une « entreprise » qui décide de ne pas faire de bénéfices? Les américains ne sont pas prêts à ce changement radical d’opinion.

En France, bien au contraire, c’est reconnu, l’opinion publique aime contester ; surtout lorsqu’il s’agit de l’enrichissement personnel des gérants de supermarchés, qui nuit gravement aux marchés de proximité, et qui ont tué les petits commerces de centre-ville.

La future coopérative « La Louve » a la volonté de recréer du lien social à travers la nourriture dans
son quartier. La politique du magasin est entre les mains des bénévoles, et contre 3h de leur temps par mois, chacun pourra bénéficier des avantages de faire ses courses dans un lieu convivial, où chacun pourra consommer les produits qu’ils ont choisi, et non des produits qui leur sont imposés.

Ni un club privé, ni un commerce, mais plutôt un lieu « public », un peu comme une « bibliothèque », qui répond aux goûts de chacun et dont les membres, en présentant leurs badges, pourront repartir chez eux avec le sentiment d’avoir choisi.

Et si pour une fois en France, on se faisait confiance, avant de critiquer. Même si le projet ne se
veut pas 100% local, ni 100% bio, il est avant tout une grande aventure humaine. Hâte de voir les portes de ce supermarché s’ouvrirent et redonner du pouvoir aux « consommacteur » que nous sommes.

Par Hélène et Lisa, reporters bénévoles pour Colibris Lyon
Etat : Archivé